La mise en cause par la COVID-19 des modèles ouest africains de gouvernance

Centralité de la gouvernance et absence de politiques prospectives fiables, sectorisés 

La bonne gouvernance restera toujours une solution pour l’Afrique dans son combat contre les maladies et les épidémies. La prévention des maladies et les épidémies graves comme le cas du COVID-19, s’inscrit davantage dans des logiques anticipatives. Dans de nombreux pays de la sous région ouest africain, il existe tout d’abord une problématique de centralisation du pouvoir et de la gouvernance. Ces deux éléments qui constituent en réalité un tout bloquent un véritable processus de politique publique territorialisée. L’avantage d’avoir des échelons territoriales clairement établis et fonctionnels, c’est qu’ils permettent en substance d’avoir des solutions mieux adaptés en termes préventif et plus efficaces dans la gestion. La prévention et la gestion du COVID-19 en Afrique subsaharien illustre en partie certaines défaillances dans gouvernance. La centralité de la gouvernance que nous avons cité, l’absence de politiques prospectives fiables, sectorisés et intégrés dans la prise de décisions échelonnée. La lutte contre COVID-19 en Afrique doit être inscrite dans une perspective locale durable et sociétale et pour cela, une révision du modèle de gouvernance est nécessaire.

L’hygiène et les populations vulnérables toujours en retro et prospectifs

La fièvre jaune a été meurtrière en Afrique tropicale et aujourd’hui encore des pays comme la Gambie, le Nigéria et le Zaïre restent très touchés. Le contient connait depuis fin 2013 le virus d’Ebola. Cette épidémie encore présente encore dans 9 pays africains a causé de 2013 à  2016 en Guinée 3 811 cas et 2 543 morts recensés, au Liberia 10 675 cas et 4 809 décès en Sierra Leone 14 124 cas et 3 956 morts. Ces 3 pays sont les plus touchés. Et parmi les épidémies les plus meurtrières en Afrique mais également dans le reste du monde, il y a la malaria ou le paludisme, une maladie potentiellement mortelle. En 2018, 228 millions ont été atteintes du paludisme avec 405 000 décès dans le monde. Les enfants âgés de moins de cinq ans sont les plus vulnérables et représentait en 2018,  67 % soit 272 000 décès.  En 2018, plus de la moitié des cas dans le monde ont été enregistrés dans six pays africains, le Nigéria (25 %), la RDC (12 %), l’Ouganda (5 %), la Côte d’Ivoire (4 %), le Mozambique (4 %) et le Niger (4 %). C’est dans la région Afrique de l’OMS qu’on enregistre 94%  des décès liés au paludisme 380 000 en 2018 selon le rapport sur le paludisme dans le monde 2019. La malaria est responsable en Afrique d’environ un cinquième de la mortalité infantile selon l’Unicef. Encore une fois, la gouvernance dans ces pays est toujours mise en cause avec les mêmes arguments autour de l’hygiène. La malaria reste une maladie foncièrement lié à la propreté et l’urbanisation. Dans certaines grandes villes ouest africaines comme Bamako, Abidjan, la problématique de la propreté est omniprésente. Il y existe une panne de solutions qui se traduit en une source des malheurs de populations les plus vulnérables. 

La centralité des systèmes ouest africains de gouvernance à l’épreuve du COVID-19

La centralité des systèmes de gouvernance ne favorise malheureusement pas de meilleures solutions préventives. Le COVID-19 vient encore prouver qu’il y a une grande nécessité de politiques préventives issues d’une gouvernance décentralisée. Si dans ces pays, il y ‘avait de meilleurs politiques d’administration locale, de meilleurs politiques d’urbanisation, de meilleurs politiques d’assainissement, de meilleurs politiques protection sociale, de meilleurs politiques hospitalières, de prospectives et de prévention des maladies infectieuses issues de nos expériences des épidémies précédentes, une gestion efficace du COVID-19 allait être beaucoup plus possible. Aujourd’hui, la coopération internationale est la seule réelle solution efficace dans le cas du COVID-19, et cela prouve la difficulté de l’Afrique à faire face aux crises. On pourra conclure en rappelant que le taux de mortalité en Afrique est de 15 pour 1000, c’est le plus élevé de tous les continents. Il convient également d’ajouter que le taux de mortalité infantile en Afrique s’élève à 89 pour 1000 et que chaque année, il y a 13,8 millions de décès en Afrique.

Mohamed Maïga

Directeur Général d’Aliber Conseil

Ingénieur social, intervenant sur les politiques socio-économiques de territoire

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